“Être sourd muet, c’est un handicap qui a porté un lourd préjudice durant la guerre” expliquent Dieferson Mongonou président de l’association ANMSMTDC et son interprète Ezechias Nguerepayo, Secrétaire Général. “Ils sont nombreux à ne pas avoir entendu les consignes ou compris ce qui se passait, et ont perdu la vie dans des embuscades” ajoutent-t-ils, illustrant une conséquence dramatique du conflit centrafricain, la vulnérabilité accrue des personnes handicapées lors de violences.

Crée en 2016, l’ANMSMTDC débute ses activités en recueillant les témoignages des victimes de la guerre dans un rôle de plaidoyer avant d’élargir son mandant à la formation et l’insertion des personnes sourdes et muettes, dont le handicap rend encore plus vulnérable dans le contexte de l’après-guerre. Forte de 95 membres et de 10 bénévoles dont 4 interprètes, l’association propose aujourd’hui des formations métiers (maraîchage, menuiserie, maçonnerie ou couture) et des ateliers de promotion de la santé sexuelle et reproductive. “Ces projets les aide à changer leur vie”, poursuit Ezechias, en leur offrant une formation professionalisante. En effet les personnes sourdes-muettes “sortent du système scolaire dès le primaire, sans qualification”. Par ailleurs le problème structurel dans le secteur de l’éducation dans le pays se double pour les personnes en situation de handicap comme les sourds-muets d’une mauvaise prise en charge éducative : “les enseignants de l’école de sourds-muets ne sont pas formés dans des écoles normales supérieures, donc ils ont un niveau assez bas, pas adaptés au besoin spécifique de ces élèves ».

Ezechias déplore de ce fait l’absence de centres et formations professionnelles spécialisés, rendant difficile une quelconque insertion ou participation sociale des sourds-muets en RCA “Certains ont des parents qui ont les moyens de leur payer des formations. D’autres non, et se lancent dans la mendicité. Ils n’ont dès lors aucune autonomie.


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Renforcement de capacités locales

Depuis un an, afin de renforcer l’impact de leurs actions, l’association participe au projet de renforcement de capacités de la société civile centrafricaine. Financé par le “Fonds Bêkou” (espoir, en Sango), ce projet est mené par Bioforce en consortium avec Oxfam, ainsi que l’Agence Centrafricaine pour la Formation Professionnelle et l’Emploi (ACFPE) et le Laboratoire d’Economie Rurale et de Sécurité Alimentaire (LERSA) de l’Université de Bangui et a pour objectif notamment la création d’un Maison de la Société civile dont l’association est membre depuis décembre 2018.

Les formations suivies par l’association dans le cadre du Parcours Management depuis décembre 2018 ont porté sur la structuration de l’association : statut, règlement intérieur, différents postes administratifs, comment monter un projet ? Très vite, le projet porte ses fruits. “Nous avons constaté des failles dans l’association, et surtout dans sa structuration”, admet Ezechias, qui précise qu’un formateur Bioforce a accompagné l’association dans une réorganisation structurelle. « Aujourd’hui, chaque fois qu’on veut monter un projet, on se réfère à ce qu’on a appris pendant la formation. Depuis, l’association peut monter des projets bien mieux structurés.”

Grâce à ce coaching, l’ANMSMTDC améliore l’impact de ses activités et contribue ainsi à son échelle au relèvement du pays : “Grâce au projet, c’est la première fois que les sourds muets ont accès à une formation en RCA, où de nombreux sourds-muets ne sont pas allés à l’école, et ne connaissent même pas la langue des signes.” Pour ces sourds-muets, victimes de discriminations même dans l’accès à la réponse humanitaire, l’ ANMSMTDC représente donc l’espoir de faire des rencontres, de devenir autonomes, et de sortir de la mendicité à laquelle beaucoup sont contraints d’avoir recours.


EN SAVOIR PLUS SUR LE PROJET
En RCA, œuvrer pour la résilience des populations et la réponse aux crises
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Un projet géré par Bioforce en consortium avec Oxfam, en partenariat avec l’ACFPE et le LERSA, financé par le Fonds fiduciaire de l’Union européenne pour la République centrafricaine « Fonds Bêkou ».

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